''On ne naît pas femme on le devient''

jeudi 22 septembre 2011

Hommage...

C'est son café qui est froid, ou c'est le climat, ou peut être son corps vu qu'elle porte encore le pull léger qu'on lui a acheté, ou peut être aussi la courte jupe qu'elle n'arrête pas de mettre depuis six mois déjà, ou encore peut être parce qu'elle est installée dans la terrasse du café et que le soleil a pris son chemin vers un autre monde, ou enfin peut être parce que son coeur est froid.


C'est chaud à l’intérieur, une lumière chaude, des personnes bien au chaud. Voilà un couple d'amoureux collé l'un à l'autre, feuilletant l'album de famille en ayant le sourire grand à chaque fois ; et puis une famille de l'autre côté, lasse d'être ensemble, chacun tenant son portable en main. Le père passant des coups de téléphone toute les 30 secondes, la maman envoyant des SMS de tort et à travers, l'adolescent jouant sans arrêt et la petite fille sur son PC à habiller les poupées virtuelles, ses seules compagnons. Le couple semblerait las mais a l'air complice et ça soulage les esprits observateurs. Des jeunes qui n'ont pas encore fêté leur deuxième décennie, sont installés en face, ayant aux yeux la lumière qui reflète la joie d'être là à fêter le 18éme anniversaire d'une copine, des rires hystériques de temps à autre et des triques de verres de café. Et puis tous ces vas et viens des garçons au service de tout le monde : Les messieurs installés au fond, décorés de gourmettes, chaines, et ayant la chemise ouverte ; les deux dames juste à côté parlant des histoires de coeur qu'elles rêvent de vivre comme jadis il y a 10 ans ; les deux collègues excités parlant de leur patron, s'exprimant même par leurs corps ; Et puis ce monsieur solitaire fumant sans cesse une cigarette et qui la tient en seul compagnon ; ces copains affamés mangeant leurs pizza avec appétit et en silence....Et enfin ce journaliste fameux pour avoir eu un blog censuré à un certain moment, et qui n'arrête pas de critiquer même après le coup d'envoi de la course vers le 'donc' le 'qu'est ce qu'on fait maintenant'.


Nina Simone, Franck Sinatra, Louis Amstrong, Edith Piaff, Aznavour et Brel sont là à conter à l'audience leurs histoires d'amour, de déceptions, d'espoir et de désespoir. 
Le bruit des couverts, la fumée des cigarettes, les chuchotements, et la bienveillance de la patronne à la caisse dominaient l'espace pour lui donner un air convivial. Tout faisait l'objet d'une convivialité qu'on ne trouve que dans un café entretenu par une femme, habitant la côte de Tunis et ayant un vide quelque part.


Notre jeune fille était dehors, décortiquant les détails du cadre  a travers le vitre, comme seuls les experts de toile peuvent faire ; au point de ne pas remarquer les premières gouttes de pluie qui ont commencé à se lasser du ciel.
L'insistance des gouttes sur son bras l'ont fait sortir de son spectacle pour se retourner à l’évident son de contact de la pluie sur la terre. Et voilà que ses pensées se sont détachées du spectacle pour demander des nouvelles de son frère qu'elle a tant envié, apprécié, respecté. Cet être qui a eu ce qu'il devrait avoir de la vie. Et puis sa petite amie qu'elle a tant aimé, adoré en silence comment va-t-elle? Lui a-t-il offert cette bague qu'elle a adoré à la vitrine du bijoutier? L'avait-il remarqué déjà? Lui a-t-il fait découvrir son poète préféré?...Elle ne saura jamais la réponse. Les histoires de coeur, on les raconte aux amis, c'est ridicule d'en parler à la famille.
Et comment se fait-il que la pluie tombe comme ça sans prévenir? pourquoi les nuages n'ont-ils pas passer le message aux terriens?
Le cendrier est sur le point de déborder sur la table, personne n'est venue pour le changer ou  tout au moins le débarrasser. Et qui des garçons s'hasarderaient pour sortir dans un tel froid pour s'occuper d'elle, surtout qu'elle n'a pas fait signe de vie??
Elle adorerait prendre des risques elle, mais ses parents lui sont chers, elle peut pas se le permettre. Parfois quand elle est seule à la maison, elle prend le risque de  se balader nue à la maison, ou d'autre fois, elle s'hasarde à toucher au buffet de son père pour goûter à son Whisky, son compagnon de vie. Elle est courageuse elle.Si avait des amis, elle aurait pris plus de risque, mais bon, avoir des amis c'est pas évident de son temps, que dire des risques.
Elle adore faire balader son esprit hors des cadres. Elle aime être seule en plus. Les amis pour elle ne sont fait que pour combler un vide. Vaut mieux se l’épargner, a-t-elle conclut à la fin...


La lumière de la terrasse a commencé à s'éteindre ce qui l'a attiré de ses pensées. En ce retournant elle a réalisé que la pluie a cessé d’hydraté sa bien-aimée et que son cadre n'enfermait que l'image de ce monsieur à la cigarette ; les chaises renversées sur les tables ; la patronne toujours à la caisse faisant les compte de la journée ; Zohra celle qui connait tous les coins du café s'est insérée dans le cadre pour nettoyer les empreintes de chaussures des clients. Et cette montre au mur, annonçait les 23heures passées. Comment l’évolution des évènements lui sont-ils échappés??...Elle n'a pas le temps pour y réfléchir, sûrement qu'on a commencé à s'inquiéter. Elle jeta ce qui lui reste de monnaie de la journée et s'est mise à courir  pour gagner trois minutes de marche, et en laisser cinq.


Ses pas rattrapaient les gouttes d'eau sur la piste et le imprégnaient sur son collant déchiré.
Essoufflée devant l’immeuble, elle prit son temps pour revoir si ses vêtement était en règle. Elle a essayé de débarrasser les traces de boue sur ses jambes.
En montant les escaliers du deuxième étage, elle aperçut la silhouette de son père devant elle. Embarrassée, elle baissa les yeux. Le toucher de son père les a fait remonter. Et en langage de signe, elle lui a demandé des excuses pour le retard. Et comme d'habitude il lui a répondu en parlant doucement pour qu'elle puisse le comprendre que c'était pas grave et qu'il est juste descendu parce que comme d'habitude il a oublié d'acheter suffisamment de pain.
Elle lui rétorqua toujours en langage de signes, qu'elle n'avait pas faim.
Sans insister, son père a rebroursé chemin. Elle était soulagé, elle n'avait pas à utiliser ses mains pour leurs expliquer que son retard n'était pas voulu. 

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